J’ai eu l’occasion de travailler avec un jeune garçon de 10 ans, que j’appellerai Alexis, qui m’avait été confié afin de remédier à des difficultés qu’il avait au niveau de la compréhension du français.
J’ai d’abord voulu profiler Alexis en utilisant le jeu de société. L’objectif de cette première approche était de vérifier d’abord rapidement ses fonctions exécutives (mémoire de travail, contrôle inhibiteur, flexibilité cognitive). Il s’est révélé qu’Alexis avait une bonne capacité de concentration et de bonnes fonctions exécutives. Ensuite, j’ai utilisé des jeux de langage et de vocabulaire afin de comprendre où se situait ses difficultés en français.
Alexis est d’origine polonaise, il est né en Belgique et a suivi jusqu’ici toute sa scolarité en français. Néanmoins en jouant à « Times Up family » j’ai remarqué qu’une série de mots du vocabulaire courant lui étaient inconnus. Mais à ma grande surprise, ces mots, il ne les connaissait pas non plus dans sa langue maternelle (ce constat fera d’ailleurs l’objet d’une réflexion dans un prochain article).
A travers un jeu que j’avais rendu langagier (« Rondin de Bois »), j’ai remarqué qu’Alexis avait une très bonne intelligence visuelle-spatiale et que sa volonté de réussir le jeu entrainait avec elle une curiosité pour des mots de vocabulaire qu’il ne connaissait pas. Dès lors, au terme de la troisième séance, j’ai pu déterminer la porte d’entrée favorite d’Alexis dans les intelligences multiples et ainsi définir ma stratégie de travail avec lui.
Ce n’est qu’à la quatrième séance que nous avons réellement pu nous attaquer à sa difficulté principale : la compréhension à la lecture.
J’ai utilisé un texte narratif dans lequel il y avait la possibilité de représenter de manière imagée les différents moments clés de la narration. Ma stratégie était de susciter son intérêt pour la compréhension de l’histoire à travers la tâche que je lui avais donnée qui était de réaliser une bande dessinée du petit conte.
Il est intéressant de vous faire part du contexte cette quatrième séance. Il était 17h30 quand j’ai commencé à travailler avec Alexis, il revenait d’une journée d’école. A aucun moment durant la séance, il n’a perdu courage ou s’est déconcentré, il était focalisé sur un exercice qui sollicitait ce qui l’anime : l’intelligence visuelle-spatiale.
Son exigence dans la réalisation de cette bande dessinée a nécessité la compréhension de tout le vocabulaire contenu dans le conte. Au terme de l’exercice il savait répondre à toutes les questions de compréhension du texte. Il avait littéralement intégré l’histoire !
Sur la bande dessinée, vous pouvez lire les mots qui lui posaient le plus de difficulté et qu’il a retranscrit pour fixer l’orthographe.
J’ai pu récemment lire dans le livre (déjà recommandé il y a quelques mois) : « La classe renversée » de J.- C. CAILLIEZ :
« La matière enseignée est assez intéressante pour capter l’attention des élèves ;
Les élèves sont capables d’enregistrer et d’intégrer un flot continu d’informations pendant plus de 50 minutes ;
Les élèves apprennent en écoutant ;
Les élèves sont des auditeurs avertis et habiles à prendre des notes ;
Les élèves ont des connaissances préalables et le vocabulaire suffisant pour parvenir à suivre les exposés ;
Les élèves sont capables de diriger, seuls, leur propre compréhension ;
Les élèves sont assez sûrs d’eux-mêmes pour le dire lorsqu’ils ne comprennent pas ;
Les élèves peuvent traduire ce qu’ils entendent en action. »
Si ces affirmations conviennent à un tout petit nombre d’élèves, ce n’est pas le cas de beaucoup d’adolescents. Ils ne sont pas de mauvaises volonté, mais l’école n’offre pas toujours (ou n’a pas offert) les conditions suffisantes pour leur permettre de s’épanouir. L’intelligence, la curiosité et le dépassement de soi demandent un terrain de jeu et de déploiement bienveillant et sécurisant. En trouvant les leviers pour maintenir (parfois relancer) l’envie d’apprendre, l’envie de se dépasser, on assiste à de très belles expériences.
Ce mois de juin se termine avec son lot de joies, de fierté, de déceptions parfois, mais surtout avec la satisfaction d’avoir pu assister au déploiement d’ailes de beaucoup d’élèves. Après trois ans d’expériences pédagogiques réalisées au sein de mes classes (avec la joyeuse participation de mes élèves), je suis encore plus convaincue qu’être enseignante est le plus beau métier du monde.
Grande adepte des travaux de groupe dans mes classes, je consacre beaucoup de temps à imaginer les phases de travail, à réunir les documents nécessaires aux élèves et surtout à penser à une production finale complexe et motivante. Cependant, une fois en classe parfois la sauce prend…parfois pas du tout.
Quand l’activité ne fonctionne pas, je me dis que c’est lié à des facteurs extérieurs : la dynamique du groupe, mon niveau d’énergie du jour, le moment de la journée etc. Quand l’activité fonctionne, je suis frustrée de ne pas pouvoir toujours correctement quantifier ou qualifier le travail réel de chaque élève.
C’est pourquoi, durant cette dernière semaine avant les congés de Carnaval, j’ai décidé d’appliquer les conseils reçus en formation pour rendre le travail de groupe efficace et véritablement constructif.
1° Il est nécessaire de commencer un travail de groupe par une phase individuelle de prise de connaissance des documents à traiter/analyser.
2° Le professeur explique les rôles dans les groupes avant leur formation. Voici un exemple des rôles à tenir :
LE/LA PRESIDENT(E) : a une responsabilité importante qui consiste à encourager le groupe, à veiller à ce que chaque membre participe activement aux discussions, à donner la parole à chacun, à calmer les éventuels conflits.
LE/LA PORTE PAROLE : porte la responsabilité de présenter à la classe les résultats du travail de son groupe. Il doit pouvoir refléter fidèlement les idées débattues, les réponses construites etc.
LE/LA SECRETAIRE : a la responsabilité de prend note des idées, solutions, réponses discutées dans le groupe. Sa prise de note et la structuration des notes sera nécessaire au porte parole.
LE/LA MAITRE(SSE) DU TEMPS : sa responsabilité est de veiller à une gestion efficace du temps imparti pour le travail à réaliser. Si les discussions s’éternisent ou s’égarent, il rappelle le timing.
3° Réunis en groupe, les élèves se concertent pour la répartition des rôles.
A partir de là, le travail de groupe démarre et se régule naturellement. Tous les élèves se mettent en action car ils doivent tenir leur rôle et je peux vous assurer que les autres élèves y veillent !
J’ai eu l’occasion, cette semaine, d’essayer une activité de groupe avec rôles dans trois classes différentes. Pour une fois aucun élément extérieur n’a été un facteur déterminant de réussite ou de non réussite, cela a juste super bien fonctionné ;).
La poésie a cette incroyable capacité à créer des images, à faire vibrer des émotions insoupçonnées et à nous permettre de flotter quelques instants au-dessus de la réalité. Lorsque j’ai relu ce poème de Baudelaire avec mes yeux d’enseignante, ses mots ont résonné différemment que lorsque j’étais adolescente. Baudelaire décrit le poète, j’y vois l’élève…
Cet albatros me fait penser à tous ces jeunes qui défilent dans le système scolaire.
Ces jeunes qui, durant les trois premières années de leur vie, ont appris à ramper, à se déplacer à quatre pattes pour finalement marcher et courir.
Ces jeunes qui ont dû apprendre à maitriser le mouvement de pas moins de 70 muscles du visage pour parler et communiquer.
Ces jeunes enfants qui ont fait des pas de géants sans aller dans l’école d’aucun maître !
Pour la suite de leur voyage dans les contrées de la connaissance, la lecture du poème de Baudelaire nous rappelle que l’albatros a besoin d’espace et d’estime de lui pour déployer ses grandes ailes. Les classes ne devraient pas se transformer en des lieux de constat d’échecs.
BAUDELAIRE, L’Albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Nos classes, nos cours doivent permettre à nos jeunes d’exprimer ou de découvrir leurs incroyables capacités. Introduire les intelligences multiples dans les préparations de cours (et laisser travailler les élèves sous ces différentes formes) permet de faire émerger l’apprentissage et la créativité. Les jeunes s’épanouissent sur cette embarcation où nous les accueillons chaque jour et nous avons le privilège de nous émerveiller de leurs réalisations et de leur progression.
Il y a quelques jours, j’ai eu la chance d’organiser dans mon école et d’assister à une formation animée par Joseph Stordeur. Orthopédagogue et formateur indépendant, il propose de former les professeurs à l’application concrète des neurosciences au sein de l’enseignement.
J’avais découvert J. Stordeur à travers son ouvrage « Comprendre, apprendre, mémoriser : les neurosciences au service de la pédagogie« . La lecture de ce livre m’avait déjà permise de construire des séquences de cours dont la structure respectait les phases nécessaires d’apprentissage pour un adolescent. Lors des derniers examens, le taux d’échec était, en moyenne, de deux élèves sur 22 dans mes classes de troisième année secondaire. Les autres années, un tiers des élèves n’atteignaient pas la moyenne.
La formation que J. Stordeur nous a offerte la semaine dernière fut d’une richesse incroyable tant du point de vue théorique que pratique. En tant qu’historienne, je n’ai pu m’empêcher d’imaginer un parallèle entre notre enthousiasme et celui des médecins du XVIe siècle. En effet, ceux-ci découvraient avec le médecin André Vésale et ses dissections publiques, l’anatomie détaillée du corps humain. Un pan entier du fonctionnement du corps humain était rendu compréhensible aux praticiens de l’époque. En tant qu’enseignants, nous sommes aussi des praticiens, nous pratiquons la didactique dans nos différentes matières, mais que connaissons-nous vraiment du fonctionnement du cerveau des adolescents en situation d’apprentissage ?
La lecture de l’ouvrage de J. Stordeur ainsi que sa formation m’a ouvert de nouvelles voies afin d’améliorer mon enseignement.
Pratiquement, voici comment j’ai organisé l’un de mes cours en me basant sur les neurosciences. Le cours d’Histoire dont je vais vous parler consiste à faire acquérir aux élèves l’utilisation du concept de système autoritaire.
La séquence de cours se construit en 3 phases : COMPRENDRE, APPRENDRE, MEMORISER
COMPRENDRE s’est accrocher à nos savoirs existants, de nouveaux savoirs. Pour faire comprendre aux élèves la notion de « pouvoir autoritaire », j’ai commencé par utiliser un vocabulaire compréhensible de tous : comment devient-on un chef autoritaire ? quels moyens/outils utiliser pour rester ce type de chef ? quelle image ces chefs donnent-ils d’eux-mêmes auprès d’un groupe ou d’un peuple ?. Les élèves ont visionné un documentaire présentant trois dictateurs et ont collecté des informations sur bases des questions précitées.
Durant cette phase, les élèves ont découvert que la question « comment devient-on chef ? » pouvait être remplacée par le mot légitimité d’un pouvoir. Ils ont également appris que les outils permettant de rester chef se nommaient : répression, propagande, censure etc.
Bien entendu, il ne suffit pas de dire des informations à des adolescents pour considérer qu’ils savent. Il faut passer à …
APPRENDRE, c’est-à-dire permettre une sollicitation répétée des nouveaux savoirs dans un laps de temps assez court. Je n’ai pas demandé aux élèves d’apprendre par coeur les définitions de ces nouveaux mots. Je les ai fait travailler en classe sur l’acquisition de ces termes. Les élèves ont participé à des activités qui nécessitaient une compréhension et une mobilisation de ces mots nouveaux (voir l’article : Un conflit constructif ?).
Parmi les outils d’apprentissages, J. Stordeur préconise le passage par une structuration des connaissances tels que des schémas heuristiques ou mind mapping.
Les phases d’évocation sont également nécessaires, elles consistent à se faire des images mentales des savoirs ou savoir-faire à mémoriser. D’autres pédagogues utilisant les principes des neurosciences recommandent de tester régulièrement les élèves afin de détecter les difficultés avant les interrogations certificatives. Ces tests peuvent se faire sous forme de QCM, textes à trous, schémas à compléter etc.
Vous pourriez, à juste titre, vous poser la question des corrections…Bonne nouvelle ! Durant ces moments d’appropriation des savoirs, il est plus intéressant que les élèves se corrigent eux-mêmes. En effet, ce sont eux qui doivent évaluer l’état de leurs connaissances !
Au cours de cette phase d’apprentissage, le professeur donne le rythme et les outils pour permettre à tous les élèves d’avoir la bonne méthode afin de maîtriser les connaissances indispensables.
MEMORISER à long terme, n’est possible que si l' »APPRENDRE » a été assuré. Les évocations répétées des nouveaux savoirs sont indispensables pour que ceux-ci restent en mémoire et soient utilisés dans des activités complexes. Certains pédagogues proposent alors aux professeurs de découper leur programme de manière à pouvoir revenir sur des chapitres à différents moments de l’année.
« Les neurosciences cognitives dans la classe. Guide pour expérimenter et adapter ses pratiques pédagogiques » de J.-L. BERTHIER, G. BORST, M. DESNOS, F. GUILLERAY, éd. ESF, 2018, p. 187
Enfin, quand les savoirs sont suffisamment consolidés, les apprenants peuvent procéder à des transferts, c’est-à-dire à réinvestir ces acquis dans d’autres situations.
Du côté de mes élèves, lors de l’examen de décembre, ceux-ci ont été confrontés à un homme de pouvoir jamais étudié. A travers l’analyse de huit documents, ils ont dû justifier pourquoi le régime de Louis XIV pouvait être considéré comme un système autoritaire. Ils ont dû ainsi mobiliser le concept et le vocabulaire associé. Dans l’ensemble, les résultats ont été vraiment bons. Cela signifie qu’en trois mois les élèves ont acquis un concept complexe et ont surtout été capables de l’appliquer !
Joseph Stordeur a ce don pour parler aux enseignants mais aussi pour donner des outils concrets à utiliser en classe. Il cite cette phrase de Henri Bassis « Tous les enfants sont capables à condition que leur en soient donnés les moyens ». J’en suis moi-même maintenant définitivement convaincue.
Dans un cours d’Histoire, les élèves sont souvent confrontés à des documents historiques qu’ils doivent analyser. Avec ce jeu, ils ont l’occasion de s’entraîner à raisonner, à se poser des questions, à voir une situation sous différents angles.
Comment procéder ? Le maître du jeu tire une carte et inscrit au tableau l’énigme à résoudre :
Exemple : « Une femme entre dans un bar et demande un verre d’eau. L’homme derrière le comptoir sort une carabine qu’il pointe sur elle. La femme le remercie et sort »
Les joueurs ne peuvent alors poser que des questions fermées au maître du jeu qui répondra par « oui » ou « non ».
» La femme était-elle menaçante ? » « Y avait-il d’autres personnes dans le bar », « Etait-ce un fusil à eau ? » etc.
Lorsque nous jouons en classe, je fais travailler les 25 élèves. Chacun peut poser une question à tour de rôle. Cependant, je leur explique que pour être réellement efficace dans ce jeu, il faut structurer son questionnement. J’introduis alors la méthode du QQOQPC.
Sur une feuille, les élèves tracent 6 colonnes : « Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? » et partent à la collecte d’informations. Ils comprennent rapidement qu’ils doivent écouter les questions des autres élèves et classer les informations recueillies pour espérer être le gagnant de la partie.
Le jeu et la méthode sont simples à mettre en place en classe et nécessitent très peu de matériel. Les ados, quant à eux, adorent entrainer leur raisonnement logique à travers ce jeu !
Lorsque mes élèves doivent analyser des documents historiques ou doivent résoudre une problématique, je leur demande d’utiliser le QQOQPC. Ils savent dès lors comment procéder. Leur raisonnement est plus efficace et leur analyse bien mieux menée.
…Vous aimeriez savoir maintenant pourquoi la femme remercie l’homme qui la pointe avec une arme ? Vous pouvez poser vos questions dans les commentaires 😉
NB : ce jeu existe dans différentes langues, la motivation à résoudre l’énigme peut être un super moteur pour faire parler les élèves dans un cours de langue, non ?
Dès les premières pages, l’auteur donne le ton et nous savons que la lecture de ce livre ne renversera pas que la classe…Cet ouvrage se révèle très intéressant pour tous ceux qui désirent changer leurs méthodes d’enseignement. A la fois réflexif et méthodologique, il mérite d’être inscrit sur votre liste des livres à lire avant la fin de l’année !
Extrait : « Qui a eu cette idée folle de placer, un jour, tous ses élèves en rang d’oignons face à lui ? Qui a eu cette curieuse idée de se planter là, droit devant eux sur une estrade, la craie à la main devant son tableau noir ? D’après Salman KHAN, cette organisation de l’école telle que nous la connaissons depuis « toujours » dans le monde occidental, avec l’année divisés en journées, elles-mêmes divisées en heures de cours, en disciplines et en matières distinctes, avec des enseignants formés par l’Etat et des programmes établis de manière rigoureuse, nous vient de la Prusse du XVIIIe siècle ! Sans doute l’innovation de l’époque !
C’est donc en ces temps passés qu’a été inventé notre système éducatif, notre modèle académique, celui dont nous sommes si fiers aujourd’hui et que nous reproduisons chaque année avec plus ou moins les mêmes rituels. Cette école traditionnelle à la sauce prussienne n’a certainement pas été pensée comme un objet pédagogique destiné à développer l’esprit critique. Au contraire, elle a été conçue comme un objet politique pour la formation de citoyens « loyaux » et « malléables ». Salman KAHN cite à ce propos le philosophe et théoricien politique prussien Johann Gottlieb FICHTE à l’origine de ce système éducatif qui disait : « Si vous voulez influencer quelqu’un, vous ne devez pas vous contenter de lui parler : vous devez le former d’une telle façon qu’il ne désire pas autre chose que ce que vous souhaitez qu’il désire« .
Ces propose font résonance avec ceux de Maria MONTESSORI qui disait en 1947 : « Comment pouvons-nous parler de Démocratie ou de Liberté lorsque, dès le début de la vie, nous formatons l’enfant pour subir la tyrannie, pour obéir à un dictateur ? Comment pouvons-nous espérer la démocratie quand nous avons élevés des esclaves ? La vraie liberté commence au début de la vie, pas à l’âge adulte. (…) ». »
Cette semaine je vous invite à découvrir le travail réalisé par trois de mes élèves de deuxième secondaire (quatrième dans le système français). Ils avaient reçu pour mission d’intégrer leur cours d’Histoire au jeu « Citadelle » (http://www.edgeent.fr/jeux/collection/citadelles).
Le pitch du jeu : chaque joueur doit bâtir une cité médiévale prestigieuse. Pour se faire, il faut acquérir de l’or et s’appuyer sur les atouts des notables locaux. A chaque tour, les joueurs choisissent un personnage qui leur donnera un pouvoir particulier et leur permettra de gagner des pièces d’or et/ou de construire des bâtiments.
L’objectif de l’activité était de rendre compte, par le jeu, des liens sociaux, économiques et politiques qui se tissaient entre les hommes du Moyen âge. Des personnages du jeu original ont été gardés mais surtout de nouveaux ont été intégrés.
Parmi les nouveaux personnages ajoutés : l’échevin et le bailli. Ceux-ci permettaient de montrer les relations qui se maintenaient entre un seigneur et les habitants des villes, les bourgeois.
Le personnage qui leur a donné le plus de fil à retordre était l’artisan, car sa plus-value n’était pas sa fortune ou son pouvoir politique mais son savoir-faire. Finalement, ce personnage reçut le pouvoir d’embellir un bâtiment qui rapporterait plus de points lors du comptage final.
Comme dans la mécanique originale du jeu, les élèves ont également imaginé des bâtiments nécessaires à rendre une ville médiévale prestigieuse. Ils se sont donc inspirés de leur cours pour les choisir. Les cercles dessinés sur le côté gauche de la carte représentent le nombre nécessaire de pièces d’or que le joueur doit donner à la banque pour pouvoir acquérir le bâtiment.
Grâce à leur cours théorique, à leurs questionnements et discussions, Layla, Hubert et Bruno ont parfaitement réussi à adapter ce jeu à la réalité historique. En y jouant, un élève pouvait rapidement intégrer les fonctions des habitants des villes ainsi que leurs relations économiques, sociales et politiques.
Oser des activités alternatives en classe permet de poser un regard différent sur nos élèves et permet surtout de s’émerveiller de leurs capacités créatives et réflexives !
Il y a quelques semaines, je vous ai présenté la transformation d’un « Qui est-ce ? ». La mécanique du jeu permettait d’entraîner l’apprentissage de la conjugaison en sollicitant l’intelligence naturaliste (voir Transformer un Qui est-ce?).
Mais est-ce que la mécanique naturaliste de ce jeu s’adapte à d’autres matières ? La réponse est oui ! Dès que vous voulez entraîner un vocabulaire spécifique et mettre en avant des distinctions entre des objets, pensez au « Qui est-ce? ».
Voici une nouvelle adaptation qui plaira aux professeurs de mathématiques car elle traite des solides et figures en géométrie.
Pour pouvoir jouer à ce jeu, les élèves devront nécessairement mobiliser un vocabulaire spécifique : « est-ce un solide ou une figure ? », « est-ce un prisme? », « y a-t-il des angles droits? » « le solide est-il un polyèdre? » etc.
J’ai observé des enfants et adolescents jouer à cette adaptation, ils adorent! La recherche de la solution est stimulante, la réflexion et la concentration très intense.
Je vous rappelle qu’il est encore plus intéressant de créer les cartes avec les élèves, puis d’y jouer. Tentez l’expérience dans vos classes et partagez vos impressions sur Light up !
Les élèves de troisième secondaire doivent acquérir, en Histoire, le concept de système autoritaire. Ils doivent donc maîtriser le vocabulaire inhérent à ce système politique. L’objectif pédagogique de l’activité qui vous ait présentée est de piloter cette maîtrise en classe !
Quel est le meilleur moyen, pour un apprenant, d’intégrer des définitions ? Par la sollicitation répétée et l’association d’exemples aux définitions.
J’ai utilisé le livre de Mikal Hem « Et si je devenais dictateur » (2017) pour y trouver une quantité d’exemples illustrant des méthodes propres aux dictatures : la répression, la propagande, la censure, la légitimité d’un pouvoir et le culte de la personnalité.
Concrètement, les élèves sont placés en groupe de quatre ou cinq élèves et reçoivent une trentaine d’extraits du livre et cinq enveloppes portant l’inscription : répression, censure, propagande etc. Chaque extrait devra être placé dans la bonne enveloppe.
Par exemple:
Ce extrait illustre un coup d’état et sera placé dans l’enveloppe « légitimité du pouvoir ».
Tour à tour, chaque élève du groupe lit à haute voix un des extraits. Il détermine, d’abord seul, à quelle enveloppe il l’associerait. Ensuite, les autres élèves du groupe peuvent intervenir dans le choix posé. Ce moment de confrontation entre pairs est un excellent moyen d’apprendre : c’est le conflit socio-cognitif.
Cette activité permet de mettre au travail trente élèves en même temps. J’ai été agréablement surprise par le calme relatif de cet exercice malgré les échanges et discussions.
Quand il y a doute, les élèves utilisent d’abord les définitions écrites avant de se tourner vers le professeur. Finalement, les définitions sont spontanément lues et relues par les élèves.
Le rôle du professeur dans cette activité est la phase de correction. Les élèves sont souvent impatients de savoir si leur classement est correct. Pour chaque groupe, j’ai corrigé leur travail en mettant de coté les fiches incorrectement classées. Le groupe se remettait alors au travail pour reclasser ces fiches au bon endroit.
Cette activité a été construite en utilisant différents outils pédagogiques :
les neurosciences : l’importance des sollicitations répétées dans les phases d’apprentissage
la psychologie sociale : le conflit socio-cognitif
les intelligences multiples : l’intelligence interpersonnelle (travail en équipe) et naturaliste (classement par catégories)