L’idée d’une évaluation collaborative a surgi il y a dix jours dans une de mes classes de 2ème. Le dispositif que je vais vous présenter est assez simple mais ne pourra pas s’appliquer à toutes les classes sans tenir compte de certaines conditions.
J’ai réparti la classe en binômes d’élèves que j’ai choisis. Un.e élève-moteur avec un.e élève plus passif.ve (dans le sens d’un.e élève qui prend difficilement ses apprentissages en main). C’est le critère de l’énergie face au travail qui m’a servi de fil rouge dans les choix de duos.
Les élèves avaient une semaine pour s’entraider à mémoriser les informations à propos des périodes conventionnelles de l’Histoire. Le jour J, ils passeraient l’évaluation individuellement, plus aucune collaboration à ce moment-là. L’astuce de ce dispositif d’évaluation se situe dans les résultats…c’est la note la plus basse des deux qui serait attribuée au binôme.
Au départ, les élèves se sont un peu étonnés et questionnés mais pas d’insurrection. J’ai senti qu’ils avaient envie de tenter l’expérience.
Les binômes ont eu un temps de travail en classe où j’ai pu observer les groupes travailler ensemble, les interactions. Cette étape de travail était déjà très intéressant. Là où certains avaient présupposé que leur co-équipier allait être possiblement un « boulet », ils se sont assez vite rendu compte que chacun avait surtout une manière différente de travailler, un temps de concentration différent, une mémoire photographique etc. Les élèves-moteur ont, quant à eux, rapidement joué leur rôle comme je l’avais supposé.
La particularité de cette classe est qu’une moitié bénéficie d’une motivation intrinsèque ou extrinsèque suffisamment forte pour dépasser les difficultés et se mettre au travail lorsque c’est nécessaire. L’autre moitié est constituée d’élèves qui n’ont pas de méthode de travail efficace et qui n’essaient même pas de se mettre au travail, leur estime d’eux-mêmes ayant été trop souvent égratinée durant leurs années en primaire. La moitié de ma classe avait donc besoin de coachs et cela tombe bien j’en avais une dizaine !
C’est ce combo qui a permis le succès de cette expérience pédagogique.
Les binômes ont organisé leurs révisions pendant une semaine : ils s’interrogeaient dans la cour, s’envoyaient des exercices pour s’entraîner quotidiennement. Les coachs n’ont pas lâché l’affaire car ils avaient envie de réussir et leur réussite dépendaient d’élèves plus en difficultés scolairement. Les élèves plus en difficultés se sentaient soutenus et n’avaient pas envie de faire rater, de décevoir leur co-équipier. Ils étaient totalement interdépendants. La collaboration était dès lors indispensable.
Pour la petite anecdote : une élève m’a raconté qu’elle envoyait dix exercices par jour à son co-équipier via Whatsapp. Le dimanche, occupée par une fête de famille, elle n’a pas envoyé d’entrainements. Elle a reçu un message de son binôme qui craignait qu’elle néglige leur travail…Cela nous a fait rire car l’élève en question a ce genre d’humour, mais surtout ce qui était inédit c’est qu’il réclame du travail.
Le jour J est arrivé et ils n’étaient pas spécialement impatients de passer l’évaluation, pas d’excitation ou de stress particulier. J’entendais des élèves donner quelques derniers conseils à leur binôme.
L’évaluation terminée, je me suis dit qu’il fallait absolument que les élèves aient rapidement leurs résultats. Les résultats par rapport à leurs connaissances acquises mais aussi vis-à-vis des efforts fournis, de l’efficacité du travail d’équipe etc. Laisser passer 24 heures aurait enlevé la magie.
Après leur avoir fait ranger toutes leurs affaires, pour éviter toute triche, je leur ai distribué des fluos pour réaliser la correction directement. Les résultats ont été excellents ! C’était juste incroyable. Parfois même les élèves coachés ont réalisé des sans fautes, là où leur coach avaient fait des erreurs d’inattention. Les élèves se sont félicités, checkés, souri. Il y a eu quelque chose de magique dans cette réussite en équipe.
Finalement, ils ont tellement apprécié l’expérience qu’ils m’ont demandé pour la recommencer, à condition qu’ils puissent choisir eux-mêmes leur co-équipier/ère. Je vous raconterai la suite de cette expérience dans un prochain article.
Je suis archi-fan et trèèèès admirative de ton travail !
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